Sortie à L’Aigle dans l’Orne (61) les 03 et 04 octobre 2020

Ainsi que je l’ai déjà écrit, l’année est particulière. Pourtant, malgré des conditions sanitaires spéciales et la promesse d’une météo agitée, nous avions décidé d’organiser quelque chose dans l’Orne. Or, à l’inverse de ce qui était annoncé, nous ne verrons pas une goutte d’eau pendant le parcours aller, ni durant les visites... Nickel ! Trois voitures de la section se sont donc retrouvées sous un soleil frais pour une pause-café sur la route qui nous menait à L’AIGLE durant le week-end des 03 et 04 octobre 2020.

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Au final, ce sont les équipages qui avaient le moins de kilomètres à parcourir qui sont arrivés bon derniers ! Passons rapidement sur ce détail et concentrons-nous sur la joie des retrouvailles et l’intérêt des visites...

La première prévue était dans les bâtiments de la Manufacture BOHIN.

Lorsque vous achetez des épingles ou des aiguilles de couture manuelle de marque BOHIN, vous achetez un produit fabriqué dans la dernière usine de France qui produit ce type de matériel.

La visite débutait par les consignes d’une guide, écoutées avec attention par l’ensemble du groupe, suivies d’explications sur la genèse et la progression de l’entreprise familiale.
Dès 1833, Benjamin BOHIN, rêve de reprendre l’atelier familial pour en réorganiser les activités et lancer la production en série. Ce fils de fabricant d'objets en fer et boîtes en bois finira par atteindre son but, et parviendra à fonder un véritable empire industriel !

L’inventaire des productions BOHIN depuis la création de l’entreprise est impressionnant : Il part de la bimbeloterie aux aiguilles de couture en passant par les aiguilles de gramophones, les lames de rasoir etc... Les médailles et les prix remportés par la société aux diverses expositions attestent de la vitalité de l’entreprise au XIXème siècle et jusqu’à la moitié du XXème.

Les évolutions techniques, sociales ou culturelles de la société civile ont bousculé l’affaire familiale et diminué considérablement l’éventail des produits manufacturés proposés à la vente par l’entreprise. L’empire industriel bâti avec patience et détermination par Benjamin BOHIN s’est peu à peu réduit...
Subsiste encore aujourd’hui dans les locaux historiques la fabrication d’épingles et d’aiguilles façonnées avec un savoir-faire intact que ne renieraient pas les générations antérieures d’ouvriers qui se sont succédés sur les machines-outils. Nous avons tous été surpris d’apprendre qu’il n’existe pas moins de 27 étapes distinctes pour confectionner les aiguilles à partir de bobines de fil d’acier. Le processus complet de fabrication dure deux mois... Oui, 2 mois ! C’est le temps que machines et ouvriers mettent pour assurer la minutieuse transformation complète d’une bobine de 20kg de fil en une multitude d’aiguilles de qualité irréprochable conditionnées pour la vente.

Des expositions temporaires ayant pour thème les métiers qui ont fait ou font encore usage des produits dédiés à la couture complètent la richesse du parcours de la visite.

De retour à L’Aigle, les voitures stationnées sur un emplacement réservé devant le château de la ville, nous avons rejoint l’hôtel ‘’Le Dauphin’’ et poursuivi agréablement la journée autour d’une bière pour les uns, en effectuant du ‘’lèche vitrines’’, des achats souvenirs pour d’autres ou tout simplement en se promenant dans les environs immédiats pour passer agréablement le temps en attendant l’heure du dîner.

Le lendemain matin, le ventre ‘’calé’’ par un bon petit-déjeuner pris à l’hôtel, nous nous sommes dirigés vers AUBE afin d’effectuer une visite de la ‘’Grosse Forge’’.

L’ensemble de la machinerie était mis en mouvement par la force de roues hydrauliques de fort diamètre et d’une turbine installées commodément puisque le site est traversé par la Risle.

Cette photo donne une idée de la dimension de l’arbre de commande de la roue des cames soulevant le marteau de 400kg qui frappait avec une force d’au moins 700 kg la barre de fer car le bras du marteau est contraint par un ressort. Je n’ose imaginer l’état physique après une journée de travail de l’ouvrier qui maintenait la barre !

Le vacarme des foyers, des cames des énormes soufflets, leur respiration bruyante, le fracas violent et permanent du gros marteau, l’intense chaleur qui régnait dans le bâtiment ; tout ça nous semblerait aujourd’hui inimaginable à supporter, proche d’une ambiance Dantesque !

Bien rangées, les Panhard nous attendaient sagement alignées sur le parking du site de ‘’La grosse forge’’.
Le repas de midi avait lieu au Relais de l’Abbaye à Saint-Evroult-Notre-Dame. Nous nous sommes garés en ordre dispersé sur la place devant l’auberge.

Ces deux jours se sont déroulés avec peu de pluie, des températures fraiches mais pas froides, un peu de vent, mais sans grandes rafales lorsque nous étions hors de l’hôtel. Le contraire de ce qui était annoncé... Je n’ai entendu personne se plaindre de cette inexactitude de prévisions météo !

Patrice Boulen