Section EST sortie de printemps 2014

Tu crois peut-être que le Parc Aventure de Pierre-Percée dans les Vosges, c’est ce lieu sportif où on dévale les pentes en tyroliennes à câble, on saute d’arbre en arbre à partir de plateforme branlante suspendue par des câbles, on grimpe à des échelles de cordes, on se jette dans le vide au bout d’un élastique… non tu n’y est pas. Car tu roules en Panhard : c’est cela l’Aventure !

 

 

Par un superbe dimanche ensoleillé de Mai, j’ai invité mes amis Panhardistes de l’Est à nous rendre visite pour un café brioche offert par notre Club, avant de partir sur les petites routes vosgiennes. Nous avions prévu une demi-heure de battement, mais heureusement le groupe emmené par Thierry arrive tôt, permettant ainsi les longues discussions des retrouvailles.
13 Panhard sont au rendez-vous : Jean nous fait le plaisir de sortir son superbe cabriolet X, une Z, 2 PL 17 dont celle à jantes spéciales de Guy, une flopée de 24 ; Nous avons Rose et moi l’immense plaisir de rouler avec un D.B HBR5 . Et nous devons retrouver l’ami Daniel et sa Traction un peu plus loin.
Après un petit briefing : distribution des cartes et itinéraires, et premiers commentaires sur le Barrage de Pierre-Percée, créé il y a 20 ans pour renforcer le débit de la Moselle en période de basses-eaux, afin de garantir le refroidissement de la centrale nucléaire de Cattenom,

l’Aventure commence !
En tête du groupe, parti sans carte (moi qui en ai toujours à ma disposition, avec ma copilote experte…), je rate le sens de rotation de tour du lac que j’avais prévu !!!
Arrêt au 1er parking venu pour expliquer la situation, la 17 d’Yves ratatouille. En assistant rallye confirmé, il profite de l’arrêt pour remplacer en 2 tours de clés son condensateur.
Pendant ce temps, nous filons en D.B retrouver la Traction, et nous croisons, arrêté sur un espace en bord de l’étroite route…. une patrouille à cheval. Retrouvaille avec Daniel, et retour vers le groupe qui aurait dû continuer vers le barrage, emmené cette fois par Thierry. Mais la patrouille a mis pied à terre, les chevaux sont au milieu de la petite route forestière, limitée à 30 km/h, en zone silence. Le D.B n’est pas passé inaperçu à l’aller !! Les 2 gardes assermentés m’expliquent que je roule à une vitesse inadaptée compte-tenu des circonstances : animaux sauvages, randonneurs à pieds ou bien en vtt, , que cela est passible d’une amende de catégorie 4 d’un montant de 135 €, etc etc ; bref que compte-tenu de mon caractère conciliant, ils me condamnent à faire preuve de pédagogie à mon entourage : vous pourrez témoignez que j’exécute ma mission avec une grande conscience !!!

De son côté, Thierry n’a pas pris la route prévue ! un parking bienvenu permet le stationnement des 12 Panhard en sécurité sur ces petites routes de montagne en lacets permanents, tandis qu’ Antoine part à notre rencontre.
On remet tout le monde dans le « droit chemin » ; enfin arrêt au barrage.

Le Barrage de Pierre-Percée :
Construit entre 1981 et 85, de type barrage-masse (comme Serre-Ponçon), il est constitué d’un noyau d’argile de 20 m d’épaisseur , d’un remplissage de grés local, avec une couverture en « trapp » (pierre non gélive, extraite à 10 km de là). La digue fait 320 m de long, mais 355 m d’épaisseur à sa base : la masse de l’eau appuie sur la paroi immergée (d’où le nom de barrage-masse).
Le bassin d’alimentation étant de faible capacité, un 2è lac a été créé sur la rivière Plaine (qui se jette dans la Meurthe, puis dans la Moselle), à une altitude 80 m plus basse. Un conduit de 2 m de diamètre entre les 2, avec turbinage ou bien pompage, permet d’évacuer ou de remonter l’eau suivant les besoins. L’appoint maximum aux rivières (pour Cattenom) est de 13 m3 par seconde. J’aurais bien aimé accéder aux vannes permettant de réguler un tel flot, mais Vigipirate est passé par là…
Il a fallu 8 ans pour remplir la barrage (par pompage des eaux de la Plaine), des défauts d’étanchéité ayant nécessité d’abaisser le niveau par 2 fois, afin d’injecter des bétons d’étanchéité dans le noyau.
Vingt ans après la mise en service la région a été transfigurée : avec beaucoup d’intelligence , il y a eu création de parc de loisirs (Aventure !!), camping, canoying, pêche (sans moteur thermique), chemins de randonnées à pied, en vtt, à cheval. Le tour du lac mesure 32 km.
J’ai consulté le dossier ORSEC (Organisation des Secours), qui prévoit 5 modes d’exploitation du barrage : allant du courant quotidien, jusqu’à la rupture brutale de la digue (glissement de terrain, séisme). La rupture brutale est jugée très improbable de par la nature même du barrage-masse (contrairement aux digues en béton, comme Malpasset) ; mais cet avis d’improbabilité n’est certainement plus vrai aujourd’hui, à cause des actes terroristes.
Un réseau d’alerte automatique est en place (avec tests tous les 3 mois) ; des plans d’évacuation sont prévus, recensant écoles, bâtiments de soins, centres de secours, centraux téléphoniques, etc. Je passe vite, car le dossier contient 230 pages...il est accessible à tous. Il est prévu que des exercices de la population soit fait tous les 5 ans (mais je n’en ai jamais entendu parler, alors que le niveau qui serait atteint par la montée des eaux de 8 mètres, 4 heures 30 après la rupture brutale et totale de la digue, arriverait au pied de notre maison ; 120 personnes -sur 1000 habitants- du village seraient impactées).

C’est au pied du barrage que le moteur de Laurent a commencé ces séances d’étouffement à répétition, à l’origine d’abord mal identifiée (interventions sur le circuit d’allumage). Puis un cylindre de la 24 de Jean Michel a décidé la grève : pas question d’attaquer la raide montée au Donon sur une seule patte !!! L’heure tourne, une bonne table nous attend. Après quelques tentatives pour retrouver cette étincelle perdue, il faut décider de laisser la Panhard sur un trottoir (sous la vigilance attentive des résidents, qui n’ont pas perdus du haut de leur fenêtre une miette des interventions) : on verra cet après-midi, au retour. La panne parait clairement identifiée, on devrait arriver avec les pièces et les outillages des uns et des autres à la résoudre. Au pire, je reviendrai avec le plateau ce soir ; nous avons bien fait, avec François, 1360 km en 22h pour aller chercher une 17 à Tours il y a 2 mois ; mais la 17 étant grassement mastiquée (belle de loin, mais loin d’être belle…), nous sommes rentrés à vide par Autun, où une 24 cette fois a séduit François!

Après la rude grimpée en 2è du Donon, la belle petite route forestière au pied des ruines du château de Salm, et enfin avec 1 h de retard, l’excellente table (et accueil) Neuhauser nous attend , qui se verra saluée avant notre départ par une salve d’applaudissements avant de reprendre la route, simplement accompagné d’un seul étouffement de la 24 attribué à un réservoir d’essence colmaté. Ce sera par ailleurs une formalité de poser un bon allumeur sur la 24 en panne : chacun peut rentrer chez soi , après cette superbe journée ensoleillée, ces moments d’amitiés, une belle humeur partagée par tous malgré les aléas rencontrés, et ces petites aventures qui permettent d’alimenter les conversations !!

A bientôt pour de nouvelles aventures !!!!


Michel COLIN